Le Pavlov en soi

20h34: elle s’engage dans cette rue qui est la sienne même si elle n’a pas l’impression que cet endroit lui appartienne ou qu’elle même appartienne à cet endroit. Les bizarreries de la langue française en fait malgré tout “sa rue”. Comme tous les soirs de la semaine elle s’engage dans “sa rue”. Elle se dit qu’elle ne vaut guère mieux que le chien de Pavlov quand elle exécute son quotidien. Oui, elle “exécute”. Elle exécute toute la journée. Elle ne vit pas, elle exécute.

Elle la voit, elle l’a anticipé, “sa maison”. Cette maison, et surtout, oui surtout, cette fenêtre. La fenêtre. Ce triangle de verre qui va faire rebattre son âme. Cette maudite fenêtre. Maudite et aimée. Crainte aussi. Et si cette fenêtre ne lui livrait pas son cadeau quotidien? La clé de la grille est déjà dans sa main. Finalement être le chien de Pavlov n’a pas que du mauvais. Elle insère la clé dans la serrure sans même regarder. Ah Pavlov! Les yeux rivés sur la fenêtre.

Sera-t-elle là ? Une lumière au fond du tunnel? Non pas vraiment. Son rayon de soleil? Non plus. Un petit bonbon pour le cœur? Oui c’est ça. Une petite sucrerie de l’âme. Une petite barbe à papa.

La voilà! Elles se retrouvent enfin!

Putain de Pavlov! Maudit chien!

Peu importe. Elle est là! Pourtant elle n’a pas bougé. Oú pourrait-elle bien aller? Elle n’est pas libre de ses mouvements. Aucune d’elles n’est libre de ses mouvements après tout. Elles suivent les règles établies par la société après tout. Mais le soir, le soir elles se retrouvent. Tous les soirs Misty et sa maîtresse se retrouvent.

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